Une force de caractère dans un corps menu, Viviane travaille d’arrache-pied et sort constamment de ses zones de confort pour se dépasser intellectuellement et maîtriser les sujets qui sortent de son cœur de compétence – le Droit – afin de devenir experte et mieux s’engager.

Portrait d’une femme qui fait en sorte que le système bouge et aide les autres à faire de même.

Expert en droit des affaires européen, elle co-dirige le Centre Européen de Droit et d’Economie.

Fondatrice des programmes WOMEN-ESSEC : « Entreprendre au Féminin » / Women be european board ready / Femmes et Talents. Elle mène des travaux sur les questions de genre dans le cadre d’un engagement de longue date auprès du Women’s Forum et des réseaux féminins.

Pour enrichir un CV déjà impressionnant, elle est aussi membre actif de nombreux think tanks sur différentes problématiques concernant l’Europe et les Femmes.

Si elle est engagée sur plusieurs fronts, elle rappelle que son cœur de compétence est avant tout le Droit et que c’est grâce à ces bases qu’elle a acquis des compétences qui lui permettent aujourd’hui d’aller dans des zones de non confort, en étudiant, apprenant et transmettant de nouveaux sujets aux autres mais aussi à ses élèves.

« Je me définis comme un Pygmalion, c’est gratifiant de voir ses élèves grandir. La génération Y, c’est l’élève qui dépasse le maître. Aujourd’hui, c’est à l’entreprise de s’adapter à cette génération. Ils sont l’avenir… ».

Le partage au centre des valeurs.

« Mes parents étaient des intellectuels compliqués mais moraux qui ont toujours laissé la maison ouverte aux autres, notamment à nos amis en difficulté. »

« Tu as plus, tu donnes plus », ce moto qu’elle tient de ses parents ainsi que ses études chez les bonnes sœurs missionnaires de l’Institut de l’Assomption ont été le pilier de sa manière de penser. Toute jeune déjà, elle était subjuguée par l’engagement de ces modèles et c’est donc tout naturellement qu’elle a converti cette notion de partage en se lançant dans une carrière de professeur.

Aujourd’hui, dans une phase de maturation, à un âge où elle a envie de donner, elle est convaincue que lorsque l’on est porté par des valeurs éthiques, un sens moral, ou même des convictions religieuses (ce qui n’est pas son cas précise t-elle), on rencontre naturellement des gens avec le même point de vue, les mêmes manières de pensées avec qui l’on partage plus facilement.

Un dépassement quotidien

Mais pour Viviane, impossible de s’arrêter là et de se contenter ‘seulement’ de son métier ou d’une zone de confort : donner des cours ne suffit pas !

Son dépassement quotidien dans l’envie de partager et de transmettre ses connaissances est plus fort ! Parfois même au point d’être dangereux…

« Le dépassement permet l’engagement et l’engagement te mange et tant pis… C’est un peu dangereux… Il y a de l’épuisement. Je ne veux pas être un rôle modèle, je suis dangereuse pour moi. Je suis comme ça depuis toujours… Mais plus jeune, je tenais… »

Aussi, l’important est avant tout de trouver un équilibre conseille t-elle, même si elle admet ne pas encore avoir trouvé le sien. En effet, à quoi bon trop donner si l’on n’est plus capable de rien après et que l’on est forcé d’arrêter conclue t-elle.

Les sources d’inspiration

Mêmes les fortes personnalités ont une source d’inspiration et quand on lui pose la question sur la personne qui a joué un rôle déterminant, l’a encouragé à se dépasser, l’a inspiré, Viviane a plusieurs noms en tête : Simone Veil, Aude de Thuin - qui lui a fait se demander, à travers les Women’s Forum, ce qu’elle faisait elle pour aider -, Jacques Attali, Pascal Lamy, sans oublier sa maman : « un modèle lourd ».

« J’ai eu une mère exemplaire, en lutte à différent niveaux, toujours dans la générosité, qui avait aussi ses défauts bien sûr ! Mais quand c’est comme ça, on veut faire pareil… C’est lourd, le saut d’obstacle est très haut. Et aujourd’hui, elle n’est plus là pour me dire si ce que je fais est bien. Alors, c’est moi qui me mets une barre et je deviens mon pire ennemi. Tout le monde m’envoie des signaux gratifiants mais moi, j’entends et je me dis que ça n’est pas assez. Ma mère faisait pareil. J’espère que je n’ai pas éduqué ma fille de la même manière, je crois lui avoir envoyé plus de signaux d’empathie. Espérons que même si elle est exigeante avec elle-même, elle ne dépassera le niveau au point d’en souffrir. Ce qu’a fait ma mère, ce que je fais aujourd’hui… ».

Mais peu importe les sources d’inspiration qui nous permettent d’avancer, Viviane nous conseille à tous, autant hommes que femmes, de ne pas tout donner à nos carrières et à nos entreprises, de réfléchir à ce qu’on aime et à nous, parce qu’à la fin la société ne nous dit pas merci ! Les personnes peuvent nous dire merci, pas le système…

Inciter les françaises à se dépasser

Mais ne pas tout donner ne signifie pas qu’il faille renoncer à se challenger et à se dépasser chaque jour.

Aujourd’hui, le système français tend à s’améliorer vis à vis de la condition des femmes et de leur écartèlement perpétuel entre le choix de la carrière d’un côté et le choix de la famille de l’autre.

« La particularité du système français c’est qu’il est positif mais a des incidences négatives en ce qui concerne la femme. En effet, le taux de scolarisation, les études supérieures et l’employabilité – je déteste ce mot - en France sont élevés. Les espaces de pouvoir ouvert, même si encore trop limités. Mais le problème est qu’on les a fait monter d’un côté (carrière) et qu’on ne leur a pas donné les moyens de compenser de l’autre (gestion de la famille).

Le système doit partager les taches dans le couple et reconnaître qu’au moment où une femme fait des enfants, elle a le droit de mettre la pédale douce puisqu’elle aura 30 ans devant elle pour ‘rattraper’. Mais aussi faire en sorte qu’elles aient le droit de faire plus de télétravail afin de ne pas s’épuiser. »

Le problème est aussi individuel. De nombreuses femmes ne se donnent pas les moyens de leur ambition. Pour Viviane, c’est « le complexe de l’imposteur » : Elles ont des idées, des ambitions (changer de métier, créer une entreprise,…) mais se disent qu’elles ne sont pas capables, qu’elles ne vont pas y arriver, quelles n’ont pas les compétences nécessaires…

Un seul mot d’ordre : « DARE* » !

Aujourd’hui, les femmes se battent pour faire évoluer ce système afin qu’il les accompagne davantage dans leur quête d’équilibre Travail/Famille.

Proche de la génération Y à qui elle donne des cours à l’ESSEC notamment, Viviane pense que ces derniers sont un allié objectif des femmes car ils ne veulent pas non plus du système tel qu’il est aujourd’hui et souhaite le faire bouger.

Alors l’important, c’est d’oser !

« Les femmes de la génération avant les Y doivent faire un travail sur elles mêmes et se poser les bonnes questions : qui elles sont ? Ce qu’elles veulent ? Ce dont elles ont envie ? Qu’elles se parlent à elle ! Parce qu’elles se sont oubliées.

Une fois qu’elles seront plus au clair là dessus, il y a des mentoring, des réseaux féminins où elles peuvent se faire aider et partager et voir qu’elles ne sont pas seules à vouloir oser. »

Aujourd’hui, nous avons une société de réseaux. Il faut savoir les utiliser, donner et prendre. C’est aussi l’occasion de faire de belles rencontres, enrichissantes et gratifiantes et cela permet de surcroît de trouver des réponses aux problèmes.

Afin de ne pas faire les mêmes erreurs qu’elle, Viviane insiste sur le fait qu’une fois l’objectif atteint, il ne faut surtout pas oublier de se ressourcer physiquement, psychologiquement à travers des activités sportives ou autres.

* « Oser »