Marie Rose Moro, psychiatre, psychanalyste, docteur en médecine et présidente de la maison de solenn revient sur l’importance de parler sa langue maternelle, d’apprendre à la chérir, au travers notamment de son propre parcours. « Avoir plusieurs langues, c’est une richesse ».

Une voix douce prononce ces mots. Pour cette femme au regard bienveillant et au sourire communicatif, maîtriser sa langue maternelle est une clé. Le point de départ de cette réflexion, c’est sa propre expérience. Née en Espagne, Marie-Rose Moro grandit au sein d’une communauté espagnole dans un village en France. Jusqu’à l’âge de six ans, elle ne parlait qu’espagnol, avant d’apprendre en quelques semaines le français.

Entrée dans le système scolaire, elle tombe sur une institutrice qui lui fait prendre conscience de la chance qu’elle a de parler deux langues. Effectivement, de nombreuses études montrent que parler plusieurs langues augmente les capacités cognitives de l’enfant ainsi que sa facilité d’adaptation à d’autres règles.

Pourtant, les préjugés persistent. Des préjugés qui blessent, et qui sont bien ancrés en France, où seuls 10% des enfants de migrants parlent leur langue maternelle. Cette méconnaissance de sa langue maternelle au moment de l’enfance ou de l’adolescence entraîne selon elle une faille dans l’identité que chacun se construit ; cette faille peut conduire à des dérives communautaristes, et à la violence : la linguistique et la psychologie des enfants le montrent depuis près d’un demi-siècle, et les faits divers les plus terribles le confirment.

• À travers ce talk, Marie Rose Moro veut transformer ce qui pourrait être compris comme un obstacle en trésor inestimable. Elle veut faire changer les mentalités, le tout avec bienveillance et douceur. Finalement, la maîtrise de sa langue maternelle serait pour elle, le ciment qui peut rendre une société fraternelle, dans les faits et non pas seulement dans la théorie.

Merci à Marie-Caroline Meijer de l’IEJ.