Élections présidentielles au Pérou : bientôt une femme présidente ?

L'oeil de TEDxChampsÉlyséesWomen
// 23 mai 2016

Tour du monde des femmes présidentes et femmes d’état

Le Pérou pourrait avoir très prochainement une femme présidente et rejoindre ainsi le club des pays d’Amérique latine ayant élu une femme à sa tête. Keiko Fujimori, fille du très controversé ancien président Alberto Fujimori, remporte le 1er tour au mois d’avril dernier avec près de 40% des suffrages. Elle a tout juste 40 ans. L’ancien président purge actuellement une peine de prison pour violation des droits de l’homme et corruption.
Michelle Bachelet, au Chili, est la deuxième femme à obtenir une fonction présidentielle en Amérique latine (2006) après Isabel Peron en Argentine (1974). Toujours en Argentine, Cristina Kirchner, ancienne avocate, première dame et sénatrice, occupe le fauteuil présidentiel de 2007 à 2015. Et au Costa Rica, la très conservatrice Laura Chinchilla est présidente de la république entre 2010 et 2014. Dilma Rousseff, ancienne ministre et chef de cabinet du gouvernement brésilien Lula, est destituée de ses fonctions le 12 mai dernier après deux mandats présidentiels en 2010 et 2014.

Le Pérou connait de grandes inégalités, mais cela n’a pas toujours été le cas ! En remontant aux Incas, on observe un système de répartition social et politique équivalent pour les femmes et les hommes. Ce qui assure des droits égaux aux femmes et aux hommes. L’accès à la propriété terrienne se lègue de mère en filles et de père en fils. Et déjà des ethnies du littoral péruvien et de l’Equateur, avant les Incas, étaient dirigées par des femmes. La complémentarité des rôles et le sens de la collectivité prédominent pour l’intérêt général de la communauté. Les femmes s’occupent des semences, du tissage, des repas et du soin des enfants. Les hommes assurent la défense et travaillent la terre. Et tout le monde contribue aux récoltes.

Cet équilibre est remis en cause par la colonisation espagnole qui met un terme aux rôles politiques et religieux des femmes en imposant un système patriarcal. Les femmes andines sont les plus impactées car elles vivent essentiellement de l’agriculture. Les différentes réformes agraires du début du XXe siècle creusent l’écart et bénéficient largement au « Chef de ménage » qui est en général un homme… Quand il s’agit d’une femme, celle-ci reçoit moins de terres que son homologue masculin.

On constate quelques avancées pour les femmes péruviennes pendant la deuxième moitié du XXe siècle. Le droit de vote accordé aux femmes en 1955 est entériné par la constitution de 1979. Le Code Civil de 1984 inscrit l’égalité de droit des hommes et des femmes pour représenter la famille. Le président Fujimori créé en 1995 un ministère pour la promotion la femme et du développement humain (PROMUDEH puis MIMDES depuis 1999).

Mais, en parallèle, des campagnes de stérilisation forcées sont menées dans les milieux ruraux les plus défavorisés où l’accès aux soins et à l’éducation est faible. Le droit des femmes péruviennes à disposer de leur corps est très influencé par la religion catholique. Le 19 mai dernier des femmes seins nus manifestent à Lima devant le congrès pour protester contre Keiko Fujimori et contre une réforme visant à punir les femmes pratiquant l’avortement. Les manifestantes ne se sentent pas représentées en tant que femme car elles considèrent la candidate partie prenante du bilan de son père.

Le taux d’illettrisme des femmes au Pérou est trois fois plus élevé que celui des hommes et les femmes gagnent en moyenne 44% moins que les hommes. Ce qui explique sans doute l’existence de syndicats féminins ou bien c’est parce les femmes ne sont pas invitées à la table des négociations …

Il faudra attendre le 6 juin prochain pour savoir si le Pérou élira pour la première fois une femme au sommet de l’état et sans doute plus longtemps pour constater d’éventuels progrès pour l’égalité.

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