Aide humanitaire : les femmes d’abord

Evènements
// 24 mai 2016

« Plus de 100 millions de personnes ont actuellement besoin d’aide humanitaire : un record depuis la fin de la seconde guerre mondiale », note en introduction un rapport de l’UNFPA (United Nations Population Fund) publié en décembre 2015. Cette situation est la résultante de multiples conflits armés et de catastrophes naturelles qui ont touché les populations les plus vulnérables ces dernières années et dont le nombre a drastiquement doublé depuis un quart de siècle, selon les données du Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes (CRED).
On estime que sur ces 100 millions de personnes actuellement déplacées par un conflit ou une catastrophe naturelle estimées par UNFPA, 25% sont des femmes vulnérables âgées de 15 à 49 ans dont l’accès aux soins est rendu compliqué voire impossible.

Une réalité malheureusement on-ne-peut-plus en lien avec l’actualité qui a d’ailleurs fait l’objet d’une table ronde auxquelles les dirigeantes et dirigeants des États membres, l’ONU, des actrices et acteurs multilatéraux ainsi que la société civile ont participé les 23 et 24 mai derniers lors du Sommet Humanitaire d’Istanbul. Pour rappel, les engagements de ces derniers visent à améliorer l’action humanitaire vis-à-vis des femmes selon les objectifs suivants :

  • les autonomiser en tant que leaders et accroître l’appui local pour qu’elles puissent participer de manière significative à l’action humanitaire.
  • leur garantir un accès universel aux droits et à la santé sexuelle et reproductive en situations de crise.
  • mettre en œuvre une approche mondiale coordonnée pour prévenir et intervenir face à la violence basée sur le genre dans les situations de crise.
  • s’assurer que les programmes humanitaires sont sensibles au genre.
  • se conformer entièrement aux politiques, aux cadres humanitaires et aux documents contraignants portant sur l’égalité des sexes, l’autonomisation et les droits des femmes.


Plus fragiles, plus pauvres, les femmes et les jeunes filles sont au premier rang en situation de conflit ou de catastrophe et sont vraisemblablement plus à même de mettre leur santé en péril comme le détaille le même rapport : « Le déclenchement d’une crise accroît la vulnérabilité des femmes et des adolescentes aux infections sexuellement transmissibles, dont le VIH, aux grossesses non prévues et non désirées, à la morbidité et à la mortalité maternelles, ainsi qu’à d’autres problèmes de santé qui peuvent aussi concerner les nourrissons ».

Chaque jour, 507 femmes ou adolescentes meurent de complications liées à leur grossesse ou leur accouchement dans des situations d’urgence.

Avec la santé, l’éducation reste un des piliers forts qui s’effondre généralement quand la situation d’un pays se dégrade : pendant que les parents recherchent des solutions financières pour venir à bout de leur désarroi, les jeunes filles sont souvent les première à être retirées du système scolaire, les privant de leur droit fondamental d’accès à l’éducation.
Cet accès réduit aux ressources économiques, culturelles mais aussi politiques est un exemple parmi tant d’autres témoignant des inégalités de genre et ayant des conséquences dramatiques sur le plan de l’équilibre d’une société.

Enfin, l’agence ONU Femmes rappelle dans une infographie interactive que toutes les formes de violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles augmentent brutalement durant les catastrophes et les conflits.

Mesurer l’impact des programmes en faveur de l’égalité des sexes en milieu humanitaire

Face à ces constats, les différents programmes pensés et mis en place par la société civil ces dernières années ont mis l’accent sur l’importance et la nécessité de protéger les femmes et les jeunes filles en situation de précarité lors d’une crise humanitaire. Encore faut-il, pour cela, pouvoir mesurer l’impact a posteriori des actions menées sur le terrain pour rendre compte de leur efficacité.
Dans ce cadre, l’IDS (Institute of Development Study) a développé le « GEP Index » (Gender Equality Programming) sous la demande d’ONU Femmes : un outil de mesure de la satisfaction de l’aide humanitaire apportée aux femmes dans le cadre de programmes de terrain.
Le GEP Index est innovant dans le sens où il s’intéresse à l’étape finale du cycle du projet : il nous donne des informations sur la manière dont un programme d’action est réellement accueilli par les populations du terrain et à quel point il répond ou non aux besoins. Il permet ainsi de rendre des comptes aux bénéficiaires et de faire le bilan des impacts positifs.

L’un des enseignements majeurs restitué lors d’une étude réalisée via le GEP en 2015 montre que lorsque les femmes participent à l’action humanitaire, cela profite à toute la communauté : il apparaît aujourd’hui primordial qu’elles soient impliquées dans la prise de décision et sur les moyens de mise en œuvre des dispositifs d’assistance. Il est aussi nécessaire qu’elles soient positionnées sur des réflexions autour de leurs opportunités d’émancipation économique et sociale pour prendre en main le changement.

Enfin, les organisations humanitaires doivent impliquer les hommes dans les programmes en faveur de l’égalité des sexes dans un effort de promotion de la mixité et de l’inclusion qui sont de formidables moteurs du changement social.

Plus d’information sur le GEP Index : Relief Web
Les femmes et l’aide humanitaire : il ne suffit pas de cocher des cases

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