Tatiana Trouvé est une plasticienne italienne, née le 4 août 1968 à Cosenza (Italie). Elle vit et travaille à Paris.

L’œuvre de Tatiana Trouvé se joue du temps et de l’espace, qu’elle réinvente sans cesse, créant une dimension parallèle à sa propre vie.

Après avoir passé son enfance à Dakar, elle poursuit ses études d’art aux Pays­Bas et à la villa Arson de Nice. Opérant principalement par installations, elle se consacre à partir de 1997 à une seule œuvre, le Bureau d’activités implicites (BAI), pour laquelle elle met en place des constructions miniatures ou, depuis 2006, des maquettes de « lieux implicites » dénommés Polders (lieux de travail déserts, studios d’enregistrements et bureaux vides).
Posés à même le sol ou fixés au mur, les éléments qui les composent s’adaptent à l’espace réel en même temps qu’ils suggèrent un autre espace. Ils peuvent se nicher dans les recoins d’une pièce, être placés au milieu de celle­ci ou contre un mur.

Par ailleurs, Tatiana Trouvé développe également une série de Modules, banques de sons reconstituant tous les espaces où elle a dû attendre : Module d’attente, Module administratif, Module de grève, etc.

De 1997 à 2007, son travail s’est en effet organisé autour d’un projet central, le Bureau d’Activités Implicites, décliné en différents Modules.
Ce projet artistique se nourrit de sa propre expérience du monde professionnel, de ses multiples démarches pour rechercher un emploi.

Depuis 1997, elle transforme cette recherche, devenue une activité à temps complet, en sujet et matière première de son œuvre.
Elle archive les CV qu’elle envoie, conserve les réponses stéréotypées des entreprises et organise cette matière du « refus » et du « jamais » en un bureau : le Bureau d’Activités Implicites (B.A.I), dont le système bureaucratique révèle l’absurdité et l’inhumanité de la société du travail.

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Cette auto fiction plastique donne corps à son expérience intime et propose un espace où sont matérialisés le temps, l’attente, les refus, les projets non réalisés.
Archive en trois dimensions, l’ensemble des maquettes documente un processus de travail qui s’est déroulé sur dix années. Présentées sur un plateau immense soutenu par des tréteaux, elles convoquent des références multiples : microarchitectures, prototypes…

Les Modules du B.A.I sont tout d’abord construits à l’échelle du corps humain, avant d’être réduits et réunis dans la Maquette du Bureau des Activités Implicites.
Ce changement d’échelle induit une perception différente des espaces et renvoie à l’idée de la maîtrise, de l’autorité que l’on pense avoir sur les choses.

À travers la question de l’espace et de la réduction, Tatiana Trouvé interroge la distance spatiale mais aussi temporelle.
Elle s’intéresse à ce que serait une mémoire des objets et des lieux, une mémoire qui déforme la réalité, l’amplifiant ou la réduisant, accordant une place importante à l’oubli.

Découvrant le B.A.I, le spectateur se trouve dans la position d’un intrus visitant un lieu de travail abandonné par son ou ses usagers, il devient le témoin d’un corps opérant mais absent.
Tatiana Trouvé décrit son B.A.I comme la matrice générale de sa production artistique, comme le projet ayant permis la genèse de ses multiples systèmes de création et de réflexion.

Aujourd’hui, elle souhaite que les différentes maquettes évolutives du B.A.I ne soient pas dispersées, ce qui motive ce don de la maquette produite en 2007 à l’occasion de l’exposition « Z.P.C Entreprises singulières » présentée au MAC/VAL.

En effet, le MAC/VAL conserve déjà parmi ses collections une maquette plus ancienne du B.A.I (2000) et la réunion de ces deux versions fait évidemment sens, aux côtés d’autres œuvres de l’artiste, comme Polder (2005) ou Expansion of a Closure Step 1 (2007), dans lesquelles certains éléments ou procédés découlent du projet initial du B.A.I.

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